L’essaim météoritique des Léonides à surveiller le 17 Novembre

La comète 55P/T-T, prise en 1998 à l’observatoire de Črni Vrh

Le pic d’activité de l’essaim météoritique des Léonides (actif du 06 au 30 Novembre), devrait se produire cette année le 17 Novembre vers 11h35 UTC. Les Leonides sont un des plus beaux essaims d’étoiles filantes. Ils se produisent lorsque la Terre croise sur sa trajectoire les nuages de particules de poussières laissées par la comète 55P/Tempel-Tuttle lors de ses approches au Soleil.


Par Claude Grimaud.

Les Léonides sont issues des débris laissés sur sa trajectoire par la comète 55P/Tempel-Tuttle. D’une période de 33 ans et 3 mois environ, L’essaim météoritique des Léonides tire son nom du fait que les étoiles filantes semblent provenir d’un même point du ciel (le radiant) situé dans la constellation du Lion.

L’inclinaison de l’orbite de 55P/Tempel-Tuttle par rapport au plan de l’écliptique est de 162.5°. Le déplacement de la comète est donc rétrograde, et de ce fait, les particules rencontrent presque de front l’atmosphère terrestre, produisant des météores extrêmement rapides (71 km/s), généralement courtes. De nombreux météores sont très lumineux et ont un éclat proche de la magnitude 0.

Après les tempêtes observées entre 1999 et 2002 qui étaient directement liées au passage au périhélie1 en 1998 de la comète 55P/Tempel-Tuttle, le niveau d’activité des Léonides n’a fait que décroître progressivement. Cependant, malgré cette baisse sensible d’activité au fil des ans, l’intérêt pour cet essaim est resté intact et les Léonides figurent parmi les essaims les plus beaux et les plus fascinants de l’année.


Malgré la Pleine Lune, un spectacle à voir :

Le plus récent passage au périhélie de la comète parent s’est produit il y a maintenant plus de 20 ans, et entre-temps la comète a effectué son passage à l’aphélie2. La connaissance des mécanismes d’éjection des poussières et de l’évolution des traînées de particules a permis de prévoir et de vérifier une activité variable sur de nombreuses années jusqu’à récemment. Le pic d’activité de l’essaim en 2024 se produira le 17 novembre peu de temps après de la Pleine Lune (PL le 15 à 21h28 UTC). On ne sait pas exactement à quoi s’attendre car la traînée est loin de la comète.

Malgré la présence de la Pleine Lune, il est quand même conseillé d’observer les Léonides.

D’autres prévisions :

  • Maslov souligne que le maximum « normal » sera relativement fort (ZHR 15–20 le 17 novembre 2024, 04h TU).
  • Les calculs de Vaubaillon montrent que la Terre rencontre la très ancienne traînée de la comète mère 55P/Tempel-Tuttle le 14 novembre à 16h37m TU.
  • Sato trouve une rencontre avec la traînée de 1733 les 19 et 20 novembre 2024 à 23h53m et 00h54m UT, respectivement.

La « tempête » de 1833 :

Les recherches de textes anciens effectuées par Edward C. Herrick en 1841, par Hubert Anson Newton en 1864, puis en 1958 par Susumu Imoto et Ichiro Hasegawa, auprès de sources chinoises, japonaises et coréennes, et plus récemment par Donald K. Yeomans et Gary W. Kronk, ont mis en évidence de nombreuses traces de pluies météoritiques, attribuées aux Léonides, dont la plus ancienne remonte à l’an 901.

Mais l’intérêt pour cet essaim, produisant de spectaculaires pluies de météores, a surtout débuté peu après la grande tempête de 1833.

L’une des plus célèbres tempêtes de météores s’est en effet produite dans la nuit du 12 au 13 novembre 1833, lorsque la Terre croisa l’essaim des Léonides. Ce jour-là, des nombreux observateurs de la côte Est des Etats-Unis et de la région des Chutes du Niagara, virent surgir des centaines de météores par minute, soit environ 50.000 à 200.000 météores par heure, semblant provenir de la région de la constellation du Lion (Leo). Le nom de Léonides fut donné à cet essaim.

représentation essaim météoritique des Leonides
Représentation des Léonides au XIXe siècle.
représentation essaim météoritique des Leonides
Étoiles filantes du 27 novembre 1885, d’après un croquis fait à la Casbah de Tunis.

Mais pas seulement :

Déjà, en novembre 1799, un phénomène similaire avait été observé par le naturaliste allemand Alexander Von Humboldt (1769-1859) en compagnie du botaniste français Aimé Bonpland (1773-1858), au large des côtes du Vénézuela.

Le médecin allemand Heinrich Olbers (1758-1840), découvreur des astéroïdes Vesta et Pallas, fut le premier à oser prédire un retour de l’essaim pour 1867 en se basant sur l’étude de documents historiques plus anciens. Ainsi en novembre 1866, au cours de la nuit du du 13 au 14, une nouvelle pluie importante de météores s’abattit sur notre planète, confirmant ainsi la périodicité de l’essaim. Il était maintenant évident que l’essaim revenait tous les 33 ans, mais restait à en trouver l’origine !


La découverte d’une comète par Tempel et Tuttle :

Le voile fut levé par la découverte d’une comète de magnitude 6, le 19 décembre 1865 par Ernst Wilhelm Leberecht Tempel (1811-1889), mais également par Horace Parnell Tuttle le 6 Janvier 1866. La comète fraîchement découverte, et aujourd’hui dénommée 55P/Temple-Tuttle, fut visible pendant plusieurs semaines. Le calcul des éléments orbitaux montrait une grande similitude avec ceux de l’essaim, et confirmait la paternité de cette comète pour l’essaim météoritique des Léonides.

L’influence perturbatrice de Saturne et de Jupiter, en agissant sur la partie la plus dense de l’essaim, fit que l’averse suivante, prévue en 1899 n’eut pas lieu. Toutefois, l’essaim se manifesta de nouveau en 1901 mais le nombre de météores observés ne fut pas exceptionnel. Le retour suivant, en 1932 fut encore plus décevant.

En revanche, en 1966, en raison de nouvelles perturbations, l’on vit quelques 150.000 météores par heure à l’ouest des Etats-Unis et au Mexique. Ce retour de pluie météoritique coïncide avec la redécouverte de 55P/Tempel-Tuttle qui s’était fait plutôt discrète depuis sa découverte 100 ans auparavant.


1 : La périhélie (du grec peri, autour de, et hélios, soleil) constitue le point où une planète (ou une comète dans le cas présent) est à la distance minimale du Soleil.

2 : L’aphélie (du grec apo, loin, et hélios, soleil) constitue le point où elle est à la distance maximale du Soleil.